Voilà le récit de mon accouchement à domicile. Poupounette (Elly-Rose) est née le 10 août à 2h05. Elle pesait 3300 grammes, mesurait 53,5 cm. Elle a plein de cheveux noirs, les yeux bleus-gris. Elle ne ressemble pas beaucoup à sa grande soeur!
Mon récit est très long, écrit pour elle...
Bonne lecture!
Ta conception a pris plusieurs mois d’efforts et d’émotions fortes. C’est finalement une FIV à l’automne 2009 qui nous a enfin permis de devenir tes parents.
La grossesse aura été douce et agréable. J’essayais de profiter de chaque étape, chaque moment, chaque coup de pied, hoquet et pirouette de ta part! J’ai été suivie par des sages-femmes et j’ai adoré mon suivi. On a décidé que tu naitrais à la maison, quelle aventure, j’avais tellement hâte de t’accueillir!
29 juillet 2010, c’est la DPA qu’on avait fixé avec les sages-femmes, la date autour de laquelle tu devais arriver. Comme ta grande sœur était arrivée tout près de sa date, j’envisageais avec bonheur que tu naitrais autour du 31.. maximum 2 août… Eh bien non! Les jours passent sans que tu arrives. Certains jours, je suis complètement démolie, j’ai le moral à terre en imaginant devoir dire adieu à notre projet d’accouchement à domicile car si on dépasse trop, on doit aller à l’hôpital pour te faire sortir de mon bedon. D’autres jours, je suis encouragée en me disant que tu arriveras certainement aujourd’hui. J’ai des soirées où j’ai de bonnes périodes de contractions… mais elles finissent toujours par s’estomper et partir. Je ne comprends pas pourquoi mon travail ne part pas seul. J’ai l’impression que mon corps me joue de vilains tours.
Je vois ma s-f le 4. Stripping, homéopathie et acupuncture au menu. J’ai bien quelques contractions mais rien de bien convainquant.
Le 5 août, j’ai rdv à l’hôpital pour un NST et une échographie. Tu te portes très bien. On fixe la date où tu devras définitivement sortir : le 11 août. La gynéco me refait un stripping et me dit qu’elle est certaine que j’accoucherai avant le 11.Mon col est ouvert à 2 cm ½ et effacé à 60%, ta petite tête est fixée sur mon col… les conditions gagnantes sont là, il ne manque que de bonnes contractions pour que ça parte enfin!
Ce soir du 5, je crois presque que ça y est, j’ai des contractions douloureuses qui me rappellent les vraies contractions de travail et je perds des morceaux de bouchon… mais non, tout finit par s’estomper. Je vais me coucher, déçue que mon corps ne déclenche pas le travail. Nous sommes maintenant le 8 août et jamais je n’aurais cru être enceinte aussi longtemps, le lendemain on tente le tout pour le tout avec la sf pour que le travail parte enfin. J’ai eu d’autres pertes de bouchon et liquides.
J’ai essayé tant de choses et des trucs de grand-mère et rien n’a fonctionné… ça prend du sérieux pour que ça s’enclenche enfin. Tire-lait, ballon, marche, laver le plancher à 4 pattes, faire des câlins avec papa, acupuncture, homéopathie, stripping…. Ouf! Et à 41 semaines et 3 jours, tu es toujours cachée dans le bedon de maman.
Mais je me sais entre bonne main avec les sages-femmes et je sais qu’elles ne me laisseront pas tomber! J. a confiance qu’à 99% ça fonctionnera! Je suis très enthousiaste et j’ai hâte de parcourir ces derniers milles qui nous séparent de ta venue. J’ai hâte de te rencontrer et de te tenir dans mes bras. Le soir du 8, je vais me coucher, pour me préparer à la grosse journée que nous aurons demain. Ce soir-là je n’ai pas vraiment de contractions. J’essaie d’être positive et d’y croire… mais le spectre de la provocation à l’hôpital est toujours présent dans mon esprit.
Le matin du 9 août, la journée commence rondement. Ta grande sœur déjeune, je prends ma douche en me disant que c’est sans doute la dernière fois que je lave ma grosse bedaine. J’essaie d’être enthousiaste même si j’ai tellement peur que ça ne marche pas. On file à la garderie puis je vais à la maison de naissance. Je rencontre J., qui me fait un stripping. Je suis maintenant à 4 cm, effacée à 70%... ça travaille! On établit le plan de match pour la matinée : Huile de ricin, tire-lait, marche… J. viendra nous rejoindre à la maison et on verra l’effet de nos efforts…
J’arrête me procurer une bouteille d’huile de ricin à la pharmacie, j’arrête porter les effets personnels de ta soeur chez une amie qui s’occupera d’elle à la fin de la garderie, jusqu’à ce que grand-maman MF prenne le relais.
1re dose d’huile de ricin à 11h15. J. arrive une quinzaine de minutes plus tard. J’ai quelques crampounettes mais rien pour faire accoucher. Je dine, puis 2e dose vers 12h45… beuuuuurrrkkkkk!! C’est vraiment épouventable de boire cette mixture… Puis on commence le tire-lait et la marche. J’ai toujours des contractions, elles sont environ aux 10-8 minutes et durent 30-40 secondes. Les effets de l’huile de ricin se font sentir sur mon système digestif. J. me dit qu’on ira pas à la 3e dose car se serait un peu trop violent! Un petit break, je fais du 4 pattes et du ballon pour t’aider à bien te positionner dans mon bedon. Tu dois avoir le dos contre mon bedon, pour le moment, ton dos est à ma gauche et ta tête regarde vers mon dos, mais vers ma hanche droite.
Ensuite, 1re dose d’actées puis re-tire-lait et marche et 2e dose d’actée…
Là, ça commence à être du sérieux. J’ai de bonnes contractions et J. déclare officiellement le travail actif commencé à 18h00. Je prends les contractions appuyée sur la rampe d’escaliers en me balançant de tous les côtés. J. m’installe les antibios pour le strep B et appelle la 2e sage-femme, M. qui arrive environ 30 minutes plus tard et joint avec difficulté l’aide natale qui arrivera 1h plus tard. Je me rends régulièrement aux toilettes (merci, huile de ricin!). Puis je vais dans la chambre avec ton papa, je prends les contractions sur le ballon d’excercice en me balançant. Papa serre ma main (à ma demande!) pendant les contractions, je suis bien dans ma bulle avec papa, je fais des sons graves. Je sens que je gère bien tout ça. J. me propose de regarder où en est le travail. J’ai peur de n’être qu’à 5 cm, elle me rassure et me dit qu’en me regardant aller, c’est sûr que je suis plus qu’à 5 cm. Elle vérifie, je suis à 9 cm! La poche des eaux est bien bombante dans mon col. Génial, tu arriveras très bientôt!
Mon travail prend à se moment une tangente inattendue. Je croyais que mon col finirait de dilater peinard puis que je ressentirais la poussée qui te mènerait à nous, tu naitrais et voilà! 1h de travail et se serait finit assurément!Eh bien non! Je continue de prendre les contractions sur le ballon les minutes passent, puis 1 heure… je ne ressens toujours pas la poussée. On discute avec J. de rupturer mes membranes pour que ta tête appuie bien sur mon col et aide à faire dilater la bande qui reste. Go!
Ouf, l’intensité monte de plusieurs crans, les contractions me broient le dos et le bas du ventre, je perds le contrôle par moment. La poussée ne vient toujours pas d’elle-même. J. me revérifie… Oh-ho… mon col enfle à la place de dilater… quelle horreur. J. prend à se moment le contrôle pour me faire essayer diverses positions pour enlever de la pression sur mon col et l’aider à dilater. J et M. me demande si ma tête n’enverrait pas le message à mon corps de ne pas laisser partir mon bébé. Elles me guident pour lâcher-prise et plonger dans les contractions. Pour faire face à mes peurs, mes inquiétudes. Je suis couchée sur le côté gauche, je tiens la main de ton papa et l’aide natale me fait des pressions dans le dos. Les SF me propose d’essayer le bain, je ne sais pas trop.. Je me lève, la contraction me cloue sur place. Je me dépêche de me déshabiller pour embarquer dans le bain avant la prochaine contraction, elles sont très rapprochées et j’ai peu de répit entre elles. Je vais dans le bain chaud, ça aide mon ventre et mon dos, mais ton papa n’est plus près de moi, je me recentre avec difficultés, J. me parle et me guide pendant les contractions… lâcher prise, laisser bébé faire son chemin... En sortant du bain je suis foudroyée par une contraction, je me tortille pour éviter la douleur, c’est atroce. Je commence à atteindre mes limites, je crie… que dis-je j’hurle de douleur et de découragement. Mais que se passe-t-il dans mon corps…
J. me fais coucher sur le côté gauche pendant un moment, puis à droite pour aider à faire dilater le col. J’hurle pendant les contractions, M. me guide. Je descends dans mon corps, je fais des sons graves, je pousse par moment avec une puissance inouie. Toute cette violence m’emporte, je ne suis qu’une femme animale qui accouche, le cerveau rationnel est bel et bien parti.
Mon col fait de la place pour te laisser passer, on s’installe sur le banc de naissance, papa derrière moi, j’y suis bien, mais… ça ne va pas, ça fait enfler mon périnée. On retourne dans le lit, couchée sur le côté gauche. J. fait passer la dernière bande de col qui entrave ta venue. Et je pousse avec la contraction, je te sens descendre! Tu arrives! Je sens ta tête qui arrive à la sortie, ça tire d’un côté, je crie à J. d’enlever ses doigts, qu’elle me fait mal! Elle me dit que ce n’est pas ses doigts, c’est la tête de ma fille! Et oh surprise, tu arrives avec une petite main sur la joue! À la prochaine poussée, tu sors complètement avec ce qui restait de liquide. Il est 2h05, nous sommes le 10 août. Les SF te mettent sur moi, où tu resteras pendant 2 heures. Tu ne pleures pas, tu tousses et tu éternues tout en regardant autour de toi. Tu découvres tranquillement ce qui t’entoure. Papa et moi on pleure de bonheur, de soulagement et de fierté. Tu es enfin là après tant de temps à t’attendre et à t’espérer et tu es en parfaite santé… que demander de plus… Tu as plein de cheveux noirs, des grands yeux, tu es toute petite et pleine de vernix! Je demande à papa si tu es bien une fille.. il vérifie… eh oui! Tu grimpes doucement vers mes seins, je t’aide à téter pendant que les sf me recousent. J’ai déchiré au 1er degré, à cause de ta petite main.
L’aide natale arrive avec une assiette de fruits, je mange un peu et j’engloutis 1 litre de jus de pommes!
Je vais prendre une douche pendant que papa te tient dans ses bras et que l’aide natale refait notre lit. Je reviens dans notre lit frais fait, M. quitte et nous félicite grandement. Elle est très fière du travail que j’ai fait et du fait que j’aie dépassé mes limites. Je t’allaite, tu aimes être au sein de maman. L’aide natale quitte aussi et J quittera aussi après nous avoir expliqué la paperasse. Il est 5h45, papa et toi dormez dans le lit… je m’endors un peu plus tard en te regardant et en revivant l’intensité de ce qu’on vient de vivre… tu es tellement belle mon petit miracle.. Je suis fière de nous!
Voilà, c’était le récit de ton arrivée… je t’aime Elly-Rose, bienvenue parmi nous.
samedi 14 août 2010
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